Ligne 17 Nord : faut-il tripler l’offre, quand la demande a baissé d’un quart ?

Ligne 17 Nord : faut-il tripler l’offre, quand la demande a baissé d’un quart ?

Le triplement de l’offre de transports lourds, c’est :

–         le RER B existant, assurant la liaison Roissy /Gare du Nord puis Châtelet et Paris-Sud, desservant les villes de Terres d’envol en direct vers l’aéroport (dans le bon sens Paris/Banlieue) ;

–         le CDG Express Roissy / gare de l’Est dont les travaux ont commencé, une initiative privée ce qui explique le prix élevé du billet ;

–         la ligne 17 Nord Le Bourget-Roissy, qui bénéficie d’un soutien renforcé sur le Triangle de Gonesse, avec le rejet de l’appel contre le permis de la gare en plein champ et la création d’une société dite « d’intérêt national » qui défend trois nouveaux projets dont une Cité scolaire en internat ( !) de 2200 élèves en zone de bruit qui interdit l’habitat.

La diminution de la demande de transport d’un quart,

fait allusion au nouveau recensement de 2019 qui montre une perte notable d’attractivité du pôle de Roissy sur la main-d’œuvre des principales communes du pays de France, qui sont 24% de moins à travailler sur la plateforme aéroportuaire depuis 2008.

En une décennie, on a enregistré un découplage entre la croissance du trafic aérien qui augmente de 25% et le nombre d’emplois qui diminue de 20% (2009 -2019). Pourtant les élus du Val d’Oise, de la Région et l’État s’entêtent à poursuivre la stratégie de développement « dite » du Grand Roissy, c’est-à-dire concentrer les activités au nord du territoire, sur la plateforme aéroportuaire et les communes environnantes (dont Gonesse), alors que les besoins sont localisés au sud du pôle. Il manque notamment près de de 30 000 postes par rapport aux actifs dans les trois communes de Sarcelles, Garges-lès-Gonesse et Villiers-le-Bel, tandis qu’on comptabilise un excédent de 80 000 emplois dans les communes du Cœur de pôle de Roissy (dont Gonesse !).

Par ailleurs, les dernières statistiques de déplacements domicile-travail (2019) montrent qu’en une décennie (2008-2019), un actif sur 4 résidant dans une des communes du Pays de France a cessé de travailler à Roissy : 300 personnes de moins à Villiers-le-Bel ; 440 à Goussainville par exemple. Et la diminution de la main-d’œuvre employée à Roissy est plus élevée en Seine-Saint-Denis qui dispose pourtant d’une desserte directe vers l’aéroport : 560 travailleurs de moins à Aulnay, 618 à Sevran, 490 à Blanc-Mesnil. Ce qui vient contredire le principal argument avancé par tous les défenseurs de la ligne 17 Nord pour la justifier : il faudrait une offre de transport lourd pour permettre aux Val d’Oisiens d’accéder aux emplois de la plate-forme ! Pour les communes les plus déficitaires du département, le « taux d’utilité locale » de Roissy oscille entre 5 et 3% de la main-d’œuvre résidente (en comptant les chômeurs, à qui cette politique est soi-disant destinée).

Le graphique ci-après montre la part dérisoire (en rouge) des travailleurs de Roissy au regard de l’ensemble de la main-d’œuvre (en bleu) des 22 communes étudiées de ce qu’on désigne habituellement par le « Grand Roissy » et que nous préférons appeler le « pays de France ». Poursuivre une politique d’implantation d’activités localisées en dehors des principaux pôles urbains, générant une explosion des déplacements domicile-travail se révèle irresponsable avec l’accélération de la crise sanitaire, sociale et climatique. Nous refusons la multiplication de « villes dissociées » comme Gonesse, où « l’habitant n’y travaille pas et le travailleur n’y réside pas ». Il est urgent d’autonomiser les principaux pôles urbains du territoire, en priorité Aulnay-sous-Bois et Sarcelles, en les dotant d’emplois utiles en cœur de ville – notamment des services de proximité ne réclamant ni transports lourds ni surfaces nouvelles à bétonner, avec des transports de desserte qui puissent mailler les bassins d’habitat et diminuer les besoins de transports à la source.

Quant aux projets nouveaux du Grand Roissy, ils n’ont aucune justification, il en existe une vingtaine en cours, la plupart en sommeil. La priorité est d’utiliser les ressources foncières existantes dédiées aux activités et de sauvegarder le patrimoine de terres agricoles particulièrement précieux au nord de l’Ile-de-France, à l’usage alimentaire des populations locales. Quant au projet de Cité Scolaire, plutôt que d’exposer 2 200 enfants au bruit incessant des avions, il existe à Sarcelles un emplacement vacant tout trouvé, après l’abandon du Dôme, en centre-ville près du RER Garges/Sarcelles.

Le graphique ci-dessous démontre l’absurdité de continuer à tout miser sur le pôle de Roissy, qui ne joue plus qu’un rôle mineur dans l’avenir des 600 000 habitants des 22 principales communes du Pays de France.

Le fiasco du Grand Roissy : en dix ans (2012-2022), deux projets terminés sur 25

Le fiasco du Grand Roissy : en dix ans (2012-2022), deux projets terminés sur 25

Depuis 40 ans, la politique de développement du Val d’Oise se focalise sur l’aménagement du Grand Roissy. En 2012, l’EPA Plaine de France lançait une étude sur un ensemble de 25 projets programmés : le bureau d’études ECODEV avait alors évalué à 104 000 les emplois à créer en 2020-22 et 132 000 à terme. 10 ans après, le bilan est dérisoire : seuls 2 projets sont achevés, avec 5000 emplois… Malgré une telle déroute, les élus s’entêtent à poursuivre cette stratégie, en votant 3 nouveaux projets sur le Triangle de Gonesse le 8 juillet 2022. Analyse sans concessions.

Tous les signes témoignent du caractère « daté et dépassé » du modèle de « Ville aéroportuaire » promue par John Kasarda il y a plus de vingt ans (1) : un grand aéroport comme moteur d’une « entité urbaine puissante », qui résume la politique d’aménagement dite du « Grand Roissy » défendue par le Val d’Oise et soutenue par la région Ile-de-France. Bien que l’on ait enregistré depuis une quinzaine d’années un découplage entre le trafic aérien – qui a continué à croître jusqu’en 2019 – et l’emploi – qui a entamé son déclin dès 2008, accéléré avec la pandémie -, les élus s’entêtent à tout miser sur le seul pôle aéroportuaire pour booster l’ensemble du développement de l’Est-95… Dans cet esprit, le Conseil départemental vient de ratifier en juillet dernier, le rajout de trois nouveaux projets du Grand Roissy à implanter sur le Triangle de Gonesse, destinés à justifier la gare du métro : une Cité scolaire, une administration d’État non précisée et le volet agricole d’Agoralim (2) porté par la SEMMARIS, société gestionnaire du MIN de Rungis. Venant en appui, il est créé une Société Publique d’Aménagement d’Intérêt National (« SPLA-IN ») portée par Grand Paris Aménagement allié au CD 95 et à l’intercommunalité CARPF : un mode de gouvernance simplifié et centralisé qui permet de s’abstraire des procédures habituelles pour des projets d’urbanisme considérés comme « majeurs ».

Mais on a beau rajouter à la liste du Grand Roissy ces trois nouveaux projets à la faisabilité douteuse, les décideurs ne parviennent toujours pas à justifier de l’utilité socio-économique d’une gare située dans un désert humain : que signifie une Cité scolaire hors agglomération, avec un internat dans une zone interdite à l’habitat permanent, en raison des deux Plans d’exposition au bruit (PEB) des aéroports de Roissy et du Bourget ? Une administration d’État qui s’installerait au milieu des champs, absurdité telle que la désignation tarde depuis décembre 2021 ? Une activité de production de légumes du MIN de Rungis-Nord sur le Triangle de Gonesse, en l’absence de la possibilité d’acquisitions foncières ? J. Lorthiois a démontré dans une série d’articles que ni la fréquentation des populations, ni le nombre d’emplois nouveaux desservis, ni l’accessibilité à l’ensemble des emplois, ni les gains de temps, ni la centralité urbaine, ni la balance coûts financiers/avantages – autant de critères permettant de mesurer l’utilité de la gare du Triangle et plus généralement de la ligne 17 Nord – n’étaient nullement atteints, comme le montre le tableau récapitulatif suivant.

Malgré ces constats accablants, en 2021, nous avons eu la surprise de découvrir incidemment (dans le cadre de l’enquête publique de la ligne 18 Orly-Versailles), que la SGP – juge et partie – avait procédé à une révision de l’évaluation socio-économique du Grand Paris Express, avec une énorme majoration du bilan socio-économique de certaines lignes, sans aucune explication. Quelle n’est pas notre stupéfaction de constater que l’évaluation socio-économique de la ligne 17 Nord passe d’un gain de 0,8 milliard en 2016 à 6,8 milliards en 2021, soit une augmentation abusive de +747 % ! Entretemps, les trois principaux projets du Grand Roissy (Europacity et le centre d’affaires qui lui était lié, le projet d’extension de l’aéroport Terminal T4) avaient été abandonnés, soit une promesse de 70 000 emplois envolés en fumée… ce qui aurait dû se traduire par une substantielle révision à la baisse ! Pourtant, le critère « nouveaux emplois » enregistre un bonus passant de 0,4 milliard à 4,6 milliards, sans aucune justification… Ces manipulations traduisent une malhonnêteté indigne d’une entreprise publique, chargée en principe de l’intérêt général. Voir l’article « Les manœuvres de la Société du Grand Paris : comment positiver des critères négatifs ». https://blogs.mediapart.fr/j-lorthiois/blog/240722/les-manoeuvres-de-la-societe-du-grand-paris-comment-positiver-des-criteres-negatifs

 

Dans ce contexte, que signifient les 3 nouveaux projets rajoutés en catastrophe pour justifier le chantier de la gare du Triangle de Gonesse à tout prix, alors qu’on constate le fiasco de l’ensemble de la politique d’aménagement du Grand Roissy promue depuis 2012 ? Pour en avoir le cœur net, le CPTG a commandité une nouvelle étude pour évaluer l’état d’avancement des 25 projets portés par l’EPA Plaine de France -désormais Grand Paris Aménagement-, dix ans plus tard. Nous avons déjà cité l’abandon d’Europacity en 2019 et son centre d’affaires, suivi par l’arrêt du projet d’extension de l’aéroport, avec la crise du trafic aérien lié à la crise sanitaire, ce qui représente au total l’annulation de 53% des perspectives d’emplois envisagées. Une quinzaine d’autres projets sont à l’arrêt, fonctionnent au ralenti, ou encore ont un avenir incertain. Et surtout, en 2013, l’entreprise PSA a fermé ses portes à Aulnay-sous-Bois, venant rajouter une friche industrielle dont la valorisation devrait constituer une priorité. Au total, deux projets seulement sont terminés, un gain de 5000 emplois (Aéroville et Roissy Parc International)… à comparer aux 104 000 postes promis en 2020-22.

 

Quand une stratégie obtient 5% de son objectif, on serait en droit d’attendre des responsables une réorientation de leur politique plutôt que sa poursuite aveugle. Dans un contexte où la commercialisation de zones d’activités disponibles marque le pas (une centaine d’ha restants sur Aérolians, ainsi qu’une centaine d’ha sur la friche PSA, très bien desservie par route et fer, sans compter une dizaine d’autres projets à l’arrêt) et que le secteur privé se désinvestit massivement de projets risqués,  l’État gaspille l’argent public en se portant au secours de projets non rentables, nuisibles aux populations… et prend des jeunes en otage dans une Cité scolaire, assignés aux décibels des avions, afin de justifier une gare en plein champ et une ligne de métro dont l’utilité est totalement démentie par les faits.

Source de cet article : Étude de J. LORTHIOIS, « Actualisation des impacts sur l’Emploi des 25 projets du Grand Roissy », Collectif pour le Triangle de Gonesse, avril 2022, 39 pages.
https://ouiauxterresdegonesse.fr/wp-content/uploads/2022/04/Etude-ECODEV-revue.pdf

(1) John Karsada, Aérotropolis, la Ville aéroportuaire, voir site http://aerotropolis.com/
(2) Le projet Agoralim, porté par la Semmaris, est une extension du MIN de Rungis, au nord de l’Ile-de-France.
Jean Castex l’a défini comme « une plateforme de distribution alimentaire, mais aussi un projet de développement des circuits courts et de la production locale. »

L’accessibilité à l’Emploi grâce aux gares du Grand Paris Express ? Une imposture !

L’accessibilité à l’Emploi grâce aux gares du Grand Paris Express ? Une imposture !

Un article de janvier 2022 de J. Lorthiois sur Mediapart démontre l’absurdité d’agrandir l’espace accessible en 45 mn à partir d’une gare du Grand Express.

Sur la carte jointe, on voit en orange l’espace accessible actuel depuis l’emplacement de la gare du Triangle de Gonesse (point noir sur la carte). Et en rose, l’espace accessible en 2030 si la gare du GPE était réalisée. Effectivement, le GPE permettrait d’accéder à un territoire beaucoup plus vaste, mais en quoi passer de la zone orange à la zone rose constituerait une amélioration du sort des Gonessiens qui cherchent du boulot ?

On fait croire aux chômeurs qu’une nouvelle offre de transports va constituer un irréfutable « Sésame » vers l’emploi et que les portes des entreprises vont bien plus largement et spontanément s’ouvrir… C’est un leurre complet ! Car plus la zone est grande, plus les possibilités sont nombreuses pour les Gonessiens, mais aussi pour TOUS les travailleurs qui habitent la zone en rose ! Plus le nombre de travailleurs concernés explose et plus la CONCURRENCE entre travailleurs potentiels est exacerbée. Où est le progrès ? 

L’objectif d’un chômeur n’est pas d’arriver à la porte de l’entreprise, mais d’y entrer ! Et pas besoin d’une myriade d’employeurs, il en suffit d’un seul ! C’est pourquoi l’amélioration de l’accessibilité à des milliers d’emplois n’est qu’un miroir aux alouettes : elle multiplie le nombre de portes possibles, mais aussi le nombre de chômeurs possibles qui attendent derrière les portes. Donc les candidats gagnent des possibilités, mais la concurrence explose, et rien ne garantit que les portes d’employeurs plus nombreux s’ouvrent plus facilement. On peut même penser que les employeurs face à une pléthore de demandeurs, sélectionnent encore plus sévèrement les candidats… Or les populations de l’Est du Val d’Oise sont peu qualifiées.

Par ailleurs, les transports, ça marche dans les deux sens.

Dans le sens gare du Triangle / pôles d’emplois extérieurs :

la gare est située en plein champ, dans une zone interdite à l’habitat en raison des deux plans d’exposition au bruit (PEB) du Bourget et de Roissy. Il n’y a aucun usager à proximité. Si la gare était mise en service, il faudrait environ ½ h pour y aller. La gare existante Gonesse/Arnouville/Villiers-le-Bel du RER D constitue une bien meilleure offre pour les actifs « sortants » (les habitants qui travaillent à l’extérieur) : elle est située en zone urbaine, à 10 mn à pied du quartier d’habitat social de la Fauconnière, qui abrite 28% des Gonessiens.

Dans le sens pôles d’habitat extérieurs / gare du Triangle :

La ville de Gonesse est déjà abondamment pourvue en espaces d’activités (zones de la Grande Couture, de Paris Nord 2, partie ouest de la friche industrielle de PSA…) qui alimentent d’importants flux de main-d’œuvre venant de l’extérieur, ce qu’on appelle des « entrants ». Rajouter des entreprises ou des équipements (entrepôts du MIN de Rungis, Cité scolaire, etc…) ne pourrait qu’augmenter de façon explosive le nombre de travailleurs « entrants » pouvant accéder au Triangle (tous les travailleurs qui habitent dans la zone en rose). Ils seraient de plus « dans le bon sens » (Paris / Banlieue), probablement plus qualifiés et ils viendraient concurrencer les habitants sur place moins qualifiés (« dans le mauvais sens », ce qui augmenterait probablement le chômage.

La ligne de métro ne servirait donc à rien. Par contre, il s’agirait d’un jeu à somme négative, compte tenu de l’ardoise que risque de laisser aux générations futures le projet pharaonique du Grand Paris Express : gabegie financière (42 milliards, sans compter les surprises !), mais aussi dépenses énergétiques et dégâts écologiques (sacrifice de terres agricoles, nuisances pour les riverains des chantiers, émissions de gaz à effet de serre, production de 45 millions de tonnes de gravats…) Et pire encore, des dégâts humains liés aux cadences infernales, aux sous-traitances en cascade, à l’importance des personnels intérimaires peu qualifiés et mal informés, autant de facteurs cumulés entraînant le non-respect des normes de sécurité et des accidents graves, dont certains mortels (1) .

Pour aller plus loin, voir l’analyse effectuée sur Gonesse, ville dissociée : plus on rajoute de l’emploi, plus le chômage augmente. Et le maire s’entête à poursuivre cette politique !

https://blogs.mediapart.fr/j-lorthiois/blog/240122/gonesse-ville-dissociee-lhabitant-ny-travaille-pas-le-travailleur-ny-reside-pas

Marche des terres des 9 et 10 octobre 2021

J’ai deux réponses à faire

La première réponse s’adresse à Gabriel Attal, ministre, porte-parole du gouvernement,

qui le 1er octobre, venu sur le Triangle de Gonesse a déclaré à propos de notre recours juridique contre la gare en plein champ : « Ohhhh… c’est une question de forme, pas une question de fond ». Et il a ajouté que la gare se ferait, anticipant le jugement qui nous a déboutés il y a 2 jours, comme s’il le connaissait à l’avance.

Le pouvoir exécutif passant en force devant le pouvoir judiciaire ? Bravo la démocratie !

La protection de la biodiversité, pas une question de fond ?

Qui a fait les lois restrictives qui obligent nos avocats à se battre pour les seules espèces protégées, quand c’est l’ensemble des espèces qu’il faudrait défendre ? Quand un œdicnème criard gobe un moustique, il se moque bien de savoir si cet insecte est « classé » par les humains en biodiversité ordinaire. C’est donc toute la chaîne du VIVANT qu’il s’agit de protéger, face aux menaces du dérèglement climatique et des activités humaines, a fortiori les INUTILES.

Est-ce une question de forme que les gouvernements instrumentalisent la justice, pour bétonner tranquille, détruire tout ce Vivant ?

M. Attal, vous êtes chargé de rassurer les élus, vous leur dites « pas grave, on va améliorer à la marge ». On va mettre en place ce que la loi appelle des COM-PEN-SA-TIONS : on va échanger les hectares d’excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse qui ont 15 000 ans d’âge, 6 à 8 mètres de profondeur de sols… contre la même surface en hectares sur les champs d’épandage de la ville de Paris de la Plaine de Pierrelaye bourrés de métaux lourds… sur lesquels on veut faire pousser une hypothétique forêt… Dans 50 ans ?

Voilà comment vos lois règlent les questions de forme.

Vous louvoyez avec les décisions nécessaires, mais il faudra bien un jour regarder en face la question de fond : c’est l’espèce humaine elle-même qui est menacée, en faisant disparaître les meilleures terres, les espèces animales et végétales qui la nourrissent. Comptez-vous sur les m3 de béton, les rails du métro, les équipements des J0 2024, les billets de banque que rapportent toutes ces destructions… pour nous alimenter ?

N’est-ce pas une question de fond : la destruction tranquille de la survie de notre propre humanité ?

Je formule aussi une deuxième réponse adressée cette fois à Monsieur Pascal Doll

président de la communauté d’agglomération de Roissy Pays de France et à ses membres, à Madame Cavecchi, présidente du Département 95, autant d’élus qui sont POUR la bétonisation à l’unanimité, à droite comme à gauche. Je l’étends aussi à Valérie Pécresse, présidente de Région et de Grand Paris Aménagement qui a décidé le sacrifice de l’Aire de Vents du parc de la Courneuve, qui a fait raser les Jardins Ouvriers d’Aubervilliers.

Monsieur Doll vous avez publié cet été dans la presse un communiqué publicitaire, qui déclare « Nous restons les maîtres du destin de notre territoire ». Sous-entendu : mêlez-vous de ce qui vous regarde, vous les opposants. Comment pouvez-vous dire « nous restons les maîtres », alors que vous avez été en permanence à la solde des grands groupes, des lobbies du BTP, les Vinci, Bouygues, Eiffage ? Vous avez bradé notre territoire à des milliardaires, vous avez soutenu Europacity porté par Auchan évadé fiscal en Belgique et Wanda milliardaire chinois ; vous bradez le sommeil des habitants à la société américaine Fedex qui fait du fret aérien en vol de nuit et s’oppose à un couvre-feu à Roissy, au contraire de tous les grands aéroports européens, Orly compris… Voilà le destin des populations du Bassin de Roissy : un aéroport qui fonctionne 24h sur 24 et 7 jours sur 7, entraînant la perte de 28 mois de vie en bonne santé pour un million de riverains. Et qui rend complètement caduc la perspective d’un métro qui ne fonctionne qu’aux heures ouvrables !!

Quelle légitimité avez-vous pour parler du NOUS, au pluriel, alors que vous autres élus du Val-d’Oise, vous pratiquez l’exercice solitaire du pouvoir ? Le territoire de l’agglomération de Roissy-Pays de France s’est constitué au gré des alliances par accointances politiques, dans l’entre-soi. Jamais il n’a été porté attention aux habitants et à leurs besoins. Votre prédécesseur Patrick Renaud a déshabillé une intercommunalité rurale de Seine-et-Marne pour annexer les 17 communes les plus riches pour sauver sa majorité de droite. Vous étiez à l’époque maire d’Arnouville 14000 habitants et vous avez déposé 3 recours juridiques contre la création de cette énorme « machine ». Quelques années plus tard vous êtes à la tête de l’agglomération de Roissy pays de France… Vous avez succédé à Patrick Renaud resté 38 ans à diriger le territoire, cadre chez Servair qui représentait le lobby aérien et qui habitait Paris. Il a fait la promotion de l’aéroport de Roissy, d’Europacity et autres GPII et à aucun moment, il n’a défendu les intérêts des habitants. Il vous a désigné comme son successeur. Vous étiez le seul candidat : que vaut cette élection par cooptation ? Vous dirigez maintenant une agglomération de 350.000 habitants de bric et de broc, constituée de 8 territoires différents. Vous poursuivez la politique de Patrick Renaud. Vous prétendez que le projet pour fédérer les habitants, c’est le métro qui desservirait Roissy, un pôle en pleine crise du transport aérien, qui a perdu 20 000 emplois depuis 2008 et qui va en perdre d’autres quand les compagnies feront les comptes…

Parlons-en du DESTIN que vous nous réservez…

Vous nous voulez Consommateurs passifs de commerces, de loisirs et de culture avec Europacity, consommateurs de jeux avec les JO 2024, consommateurs de produits d’entrepôts logistiques, consommateurs de transports lointains…

Vous n’avez pas à décider de notre destin. C’est à NOUS de le prendre en main !

Nous ne voulons pas être consommateurs, nous voulons être producteurs de notre vie, nous voulons produire nous-mêmes notre alimentation, concevoir nos loisirs, produire notre culture…

Nous voulons travailler au pays, dans notre territoire, dans des emplois de proximité et non pas subir la galère des transports pour aller travailler ailleurs, dans les quartiers d’affaires de Paris et de la Défense, parce qu’il n’y a aucune diversité d’emplois dans nos territoires.

Parce que les activités de proximité disparaissent : l’hôpital de Villiers-le-Bel a fermé, les petits commerces de Gonesse aussi. Nos quartiers, nos cités ont vu disparaître le bureau de poste, la CAF, la MJC, la Mission Locale, le dispensaire, le cabinet médical…

Non merci pour vos déserts médicaux et de services, peuplés de réseaux de transports et d’entrepôts !

Et dans le NOUS que nous défendons, il n’y a pas seulement l’espèce humaine, mais l’ensemble du vivant de nos territoires :

Nous défendons les 70 millions de vers de terre du Triangle de Gonesse qui ne prennent pas le métro,

Nous défendons le chant de nos linottes mélodieuses, contre le vacarme de vos avions, de vos camions et de votre métro,

Nous défendons la douceur goûteuse des légumes de nos potagers contre la fadeur de l’agro-industrie,

Nous protégeons nos escargots qui détestent bronzer sur vos solariums…

Nous opposons la force de nos convictions contre la violence de vos pelleteuses et de vos tunneliers,

Nos forces de vie contre vos forces de mort.

Voilà notre NOUS, et pour sauver ce NOUS, Nous ne lâcherons RIEN !

Jacqueline LORTHIOIS

Marches des Terres
Pantin, 9 Octobre 2021

Grand Roissy – Gouvernance : l’impossible envol d’un papillon sans tête

Ceci est un résumé de mon article dans mon bêtisier sur Médiapart en date du 28 septembre 2021.

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La ligne 15 Est à Aubervilliers n’est pas utile aux habitants

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