L’accessibilité à l’Emploi grâce aux gares du Grand Paris Express ? Une imposture !
Un article de janvier 2022 de J. Lorthiois sur Mediapart démontre l’absurdité d’agrandir l’espace accessible en 45 mn à partir d’une gare du Grand Express.
Sur la carte jointe, on voit en orange l’espace accessible actuel depuis l’emplacement de la gare du Triangle de Gonesse (point noir sur la carte). Et en rose, l’espace accessible en 2030 si la gare du GPE était réalisée. Effectivement, le GPE permettrait d’accéder à un territoire beaucoup plus vaste, mais en quoi passer de la zone orange à la zone rose constituerait une amélioration du sort des Gonessiens qui cherchent du boulot ?
On fait croire aux chômeurs qu’une nouvelle offre de transports va constituer un irréfutable « Sésame » vers l’emploi et que les portes des entreprises vont bien plus largement et spontanément s’ouvrir… C’est un leurre complet ! Car plus la zone est grande, plus les possibilités sont nombreuses pour les Gonessiens, mais aussi pour TOUS les travailleurs qui habitent la zone en rose ! Plus le nombre de travailleurs concernés explose et plus la CONCURRENCE entre travailleurs potentiels est exacerbée. Où est le progrès ?
L’objectif d’un chômeur n’est pas d’arriver à la porte de l’entreprise, mais d’y entrer ! Et pas besoin d’une myriade d’employeurs, il en suffit d’un seul ! C’est pourquoi l’amélioration de l’accessibilité à des milliers d’emplois n’est qu’un miroir aux alouettes : elle multiplie le nombre de portes possibles, mais aussi le nombre de chômeurs possibles qui attendent derrière les portes. Donc les candidats gagnent des possibilités, mais la concurrence explose, et rien ne garantit que les portes d’employeurs plus nombreux s’ouvrent plus facilement. On peut même penser que les employeurs face à une pléthore de demandeurs, sélectionnent encore plus sévèrement les candidats… Or les populations de l’Est du Val d’Oise sont peu qualifiées.
Par ailleurs, les transports, ça marche dans les deux sens.
Dans le sens gare du Triangle / pôles d’emplois extérieurs :
la gare est située en plein champ, dans une zone interdite à l’habitat en raison des deux plans d’exposition au bruit (PEB) du Bourget et de Roissy. Il n’y a aucun usager à proximité. Si la gare était mise en service, il faudrait environ ½ h pour y aller. La gare existante Gonesse/Arnouville/Villiers-le-Bel du RER D constitue une bien meilleure offre pour les actifs « sortants » (les habitants qui travaillent à l’extérieur) : elle est située en zone urbaine, à 10 mn à pied du quartier d’habitat social de la Fauconnière, qui abrite 28% des Gonessiens.
Dans le sens pôles d’habitat extérieurs / gare du Triangle :
La ville de Gonesse est déjà abondamment pourvue en espaces d’activités (zones de la Grande Couture, de Paris Nord 2, partie ouest de la friche industrielle de PSA…) qui alimentent d’importants flux de main-d’œuvre venant de l’extérieur, ce qu’on appelle des « entrants ». Rajouter des entreprises ou des équipements (entrepôts du MIN de Rungis, Cité scolaire, etc…) ne pourrait qu’augmenter de façon explosive le nombre de travailleurs « entrants » pouvant accéder au Triangle (tous les travailleurs qui habitent dans la zone en rose). Ils seraient de plus « dans le bon sens » (Paris / Banlieue), probablement plus qualifiés et ils viendraient concurrencer les habitants sur place moins qualifiés (« dans le mauvais sens », ce qui augmenterait probablement le chômage.
La ligne de métro ne servirait donc à rien. Par contre, il s’agirait d’un jeu à somme négative, compte tenu de l’ardoise que risque de laisser aux générations futures le projet pharaonique du Grand Paris Express : gabegie financière (42 milliards, sans compter les surprises !), mais aussi dépenses énergétiques et dégâts écologiques (sacrifice de terres agricoles, nuisances pour les riverains des chantiers, émissions de gaz à effet de serre, production de 45 millions de tonnes de gravats…) Et pire encore, des dégâts humains liés aux cadences infernales, aux sous-traitances en cascade, à l’importance des personnels intérimaires peu qualifiés et mal informés, autant de facteurs cumulés entraînant le non-respect des normes de sécurité et des accidents graves, dont certains mortels (1) .
Pour aller plus loin, voir l’analyse effectuée sur Gonesse, ville dissociée : plus on rajoute de l’emploi, plus le chômage augmente. Et le maire s’entête à poursuivre cette politique !